Aujourd’hui, un Conseil réunissant les ministres européens de la Pêche s’achève à Bruxelles. Les ministres ont notamment discuté des accords avec les pays tiers dans le cadre de la réforme de la Politique commune des pêches. Et ils ont continué à passer sous silence le principal problème : la flotte européenne est sur-dimensionnée et pille les mers des pays en développement.
Un oubli important : le sur-dimensionnement de la flotte européenne
Les ministres ont planché sur une proposition de la Commission européenne concernant la gestion des pêches hors des eaux communautaires, notamment dans les pays en développement. Ils ont oublié un point essentiel : la limitation des captures des navires européens dans les eaux des autres pays. Un tel accord autorise donc les navires européens à pêcher beaucoup plus que ce qui serait équitable pour les pêcheurs locaux et acceptable étant donné la raréfaction de la ressource.
« Ce sont la taille et la puissance de la flotte européenne, sa capacité de pêche qui sont la vraie source du problème, souligne François Chartier, chargé de campagne Océans chez Greenpeace France. Rappelons que plus de 70 % des stocks pêchés en Europe concernent des espèces surexploitées, c’est l’Union européenne elle-même qui le dit. »
La France à contre courant des avancées de la réforme
Selon les chiffres officiels de la Commission, l’Europe pêche 1,2 million de tonnes par an hors de ses eaux, c’est-à-dire presque un quart des prises. 14 % des bateaux européens qui pêchent hors d’Europe sont français et opèrent majoritairement au large des côtes africaines. Par ses positions en faveur d’une augmentation de la capacité de pêche européenne et de l’envoi de ces navires au large de l’Afrique, la France défend les intérêts de sa flotte industrielle, armée pour ces eaux lointaines. Dans un courrier cosigné avec ses homologues espagnol et portugais, consultable ici : http://bit.ly/Al7Zhe, Bruno Le Maire plaidait déjà, l’année dernière, pour une extension de la capacité de pêche.
« Bruno Le Maire est-il encore sur cette position, qui va complètement à contre courant des avancées de la proposition de la Commission ?, demande François Chartier. Plutôt que de n’écouter que les intérêts de la flotte industrielle, il faut soutenir une pêche plus sélective, plus locale et plus durable : la pêche artisanale ! »
Greenpeace en action, de Bruxelles aux eaux ouest-africaines
Greenpeace suit les négociations à Bruxelles et est présente dans les eaux ouest africaines, à bord de l’un de ses bateaux, l’Arctic Sunrise, depuis quelques semaines. Objectif : dénoncer ce pillage des ressources des pêcheurs africains, leurs conditions de travail de plus en plus difficiles et dangereuses. Les stocks de poissons diminuent, et les pêcheurs locaux doivent donc aller plus loin des côtes et rester plus longtemps en mer, à bord de petites pirogues mal équipées. Ils risquent aussi des collisions parfois mortelles avec les bateaux industriels.
« Pour un poisson tel que la sardine, un bateau industriel de pêche européen sur cette zone prend en un jour autant que 56 embarcations mauritaniennes en une année, continue François Chartier. Il est vital, pour les Africains vivant de cette pêche, de stopper les subventions à la pêche industrielle. On compte quelque 1,5 million de pêcheurs artisans au large des côtes d’Afrique occidentale et on estime que le secteur de la pêche y fait vivre au total plusieurs millions de personnes. »