Le désarroi des dirigeants européens face à la crise de la dette et la hausse du taux de chômage de la zone euro ont clos l’année 2011 sur une note pessimiste. La France n’a pas échappé à cette dégradation du climat économique, conduisant notamment le gouvernement à adopter de sévères mesures d’austérité. « En dépit d’un contexte particulièrement difficile, les montants investis dans l’Hexagone sont supérieurs de 46 % à ceux de 2010, la demande placée de bureaux en Ile-de-France en hausse de 11 % et celle des grands entrepôts en France de 26 % » annonce Olivier Gérard, président de Cushman & Wakefield France. Egalement illustrée par le buzz créé par les ouvertures de nouvelles enseignes, la bonne tenue du marché français de l’immobilier d’entreprise n’a pourtant rien d’irrationnel. Bien amorcée l’année précédente, la décrue de l’offre de qualité a en effet conduit les utilisateurs à saisir les meilleures opportunités encore disponibles pour se développer et, surtout, réduire leurs coûts immobiliers. Par ailleurs, « au-delà de l’abrogation du dispositif SIIC qui a favorisé la cession de certains actifs, la forte volatilité des valeurs boursières et la baisse de rendement des emprunts long-terme ont fait valoir les atouts du marché français de l’investissement auprès de grands institutionnels et de quelques fonds souverains aux capacités d’investissement considérables » poursuit Olivier Gérard.
LE MARCHÉ DE L’INVESTISSEMENT EN FRANCE
Avec 16,1 milliards d’euros investis en France en 2011, le marché de l’investissement affiche une hausse de 46 % par rapport à 2010 qui lui permet de dépasser la moyenne annuelle des dix dernières années (14,75 milliards d’euros). Cette performance est d’autant plus remarquable que l’essoufflement de la croissance économique a coïncidé avec l’augmentation constante des volumes investis. Ainsi, les montants engagés au second semestre 2011 sont supérieurs de 122 % à ceux des six premiers mois de l’année. Plusieurs facteurs ont permis de soutenir l’activité tout au long de 2011. L’abrogation de certains avantages fiscaux a notamment favorisé la cession par les investisseurs d’actifs dans le but de bénéficier d’une plus faible imposition. Surtout, le marché a bénéficié du dynamisme du marché locatif et du statut de valeur refuge de la pierre au détriment de marchés boursiers plus volatils.
– Une forte hausse du nombre de grandes transactions : sur les 446 transactions de 2011, 42 sont supérieures à 100 millions d’euros (21 en 2010) et totalisent près de 8 milliards d’euros, soit 50 % de l’ensemble des montants investis dans l’Hexagone. La plupart de ces transactions ont porté sur des actifs de bureaux, tranchant avec une année 2010 qui avait vu se concrétiser la vente de très grands actifs de commerce. La principale évolution de 2011 tient également à l’augmentation de la part des portefeuilles, qui ont constitué 18 % de l’ensemble des sommes investies en France. Quelques opérations « atypiques » ont aussi animé le marché avec sept ventes utilisateurs de plus de 100 millions d’euros (comme le 5 Kléber à Paris, acquis par SCOR), et quelques joint-ventures (entre Norges Bank et Axa Real Estate pour l’acquisition d’un portefeuille de sept immeubles de bureaux) et opérations menées dans le cadre de club deals (acquisition de River Ouest à Bezons).
– Le boom des investissements en bureaux : Avec 12 milliards d’euros investis en bureaux en 2011 contre 6,7 milliards l’année précédente, cette classe d’actif affiche un volume record depuis 2007 et une forte progression de 79 % sur un an. Constituant 74 % du volume total investi sur le marché français de l’immobilier d’entreprise (61 % en 2010), les bureaux demeurent largement privilégiés par les investisseurs. Les 3,3 milliards d’euros investis en commerces ne représentent quant à eux « que » 21 % de l’ensemble des montants engagés en France, 2011 étant tout de même la troisième meilleure année de la décennie en termes de volumes investis en commerces. Les incertitudes du climat économique ont du reste renforcé le désir des propriétaires d’actifs de commerces de les conserver, et de ne pas les céder de peur de ne pouvoir réallouer leurs fonds. Avec environ 820 millions d’euros, les montants investis en immobilier industriel sont en hausse de 17 % sur un an. Ce volume reste pourtant inférieur de près de moitié à la moyenne des dix dernières années (1,5 milliard d’euros) tandis que la part de ce marché reste modeste (5 % des volumes investis en France).
– L’Ile-de-France, prisée pour ses bureaux de qualité et sécurisés : avec 12,3 milliards d’euros investis en 2011 (+ 60 % sur un an), l’Ile-de-France concentre 76 % des montants engagés en France et reste dominée par les acquisitions en bureaux (87 % de l’ensemble des investissements en région parisienne). L’Ile-de-France continue ainsi de bénéficier de la taille de son parc de bureaux (52,1 millions de m²) et de l’appétit des investisseurs pour ses secteurs tertiaires les plus dynamiques. Avec 3,8 milliards d’euros, la province concentre quant à elle 24 % des montants engagés en France, soit une hausse de 15 % sur un an pour partie liée à la hausse des volumes investis sur le marché des bureaux et de la logistique.
– Des conditions de marché favorables aux investisseurs en fonds propres : en 2011, le resserrement des conditions de crédit a favorisé les investisseurs disposant de fonds propres, moins dépendants du marché de la dette et qui investissent de manière très sélective et sur le long terme. Les investisseurs les plus actifs et qui disposent d’importantes liquidités sont principalement les institutionnels comme les compagnies d’assurance et les caisses de retraite, qui cherchent à diversifier leur allocation d’actifs au-delà des marchés boursiers et obligataires. Par ailleurs, d’importantes collectes expliquent l’activité soutenue des véhicules non cotés tels que les SCPI, OPCI et fonds ouverts. Aux côtés de ces investisseurs core figurent des fonds d’investissement légèrement plus opportunistes et moins opposés aux prises de risque.
– Une répartition plus équilibrée des acteurs étrangers : l’activité du marché hexagonal reste majoritairement dominée par les Français, qui représentent 61 % des montants investis dans l’Hexagone en 2011 (56 % en 2010). La part des investisseurs étrangers est elle passée de 44 % en 2010 à 39 % en 2011. Leur répartition est plus équilibrée que l’an passé du fait de la diminution de la part des Allemands, passée de 19 % en 2010 à 10 % en 2011. S’ils restent les étrangers les plus actifs, leur baisse d’activité a été compensée par l’apparition de nouveaux entrants, et notamment du fonds souverain norvégien Norges Bank, à l’origine de deux des opérations les plus importantes de 2011.
– Stabilisation des taux de rendement : les taux de rendement prime ont été relativement stables en 2011, s’établissant à 4,50 % pour les actifs de bureaux de Paris QCA et les meilleurs emplacements commerciaux de centre-ville et 7 % pour les plateformes logistiques d’Ile-de-France. Ils ne devraient guère évoluer en 2012 en raison des difficultés du secteur financier et de la volonté des investisseurs de préserver une prime de risque significative. Une compression, ponctuelle et limitée, pourrait toutefois affecter quelques actifs « trophées » de la capitale, biens prestigieux de petite taille et très sécurisés. Tranchant avec la stabilité du marché des actifs haut de gamme, le marché secondaire a enregistré une légère correction à la hausse en 2011 qui devrait, elle, se poursuivre en 2012. De façon générale, la hiérarchie des taux est de nouveau marquée et conditionnée par la qualité des actifs regardés.
Le marché français de l’investissement pourrait souffrir en 2012 de la fin de certains avantages fiscaux et des incertitudes du marché de la gestion de capitaux. Plusieurs facteurs devraient toutefois soutenir l’activité. Ainsi, de grands institutionnels continueront d’investir massivement dans l’immobilier, dont le caractère refuge continuera de trancher avec la volatilité des marchés boursiers. Par ailleurs, la cession d’actifs distressed et la fermeture programmée de certains fonds, fonds ouverts allemands en particulier, pourraient constituer de nouvelles opportunités pour les investisseurs, limitant les effets de la rareté de l’offre sur l’évolution des volumes investis. L’intérêt d’une majorité d’investisseurs devrait quoi qu’il en soit continuer de se porter sur les actifs core tandis que le ralentissement de l’activité locative, des difficultés de financement et la mise à niveau nécessaire des biens inadaptés aux dernières normes environnementales pèseront certainement sur la valeur des actifs secondaires. La tendance à l’élargissement des critères d’acquisition des investisseurs, réelle mais toujours timide, pourrait par conséquent s’inverser, faisant peser le risque d’une distinction plus évidente entre types d’actifs.
LE MARCHÉ DES BUREAUX D’ILE-DE-FRANCE
Avec 2,32 millions de mètres carrés loués ou vendus aux utilisateurs en Ile-de-France en 2011, la demande placée est en hausse de 11 % par rapport à 2010, bonne performance liée à la volonté des utilisateurs d’accélérer la réduction de leurs coûts immobiliers alors que l’offre neuve n’en finit pas de se raréfier. Cette motivation a de fait conduit les entreprises à saisir les dernières opportunités de bureaux de qualité disponibles dans les secteurs géographiques les plus prisés de région parisienne.
– Une forte demande pour les petites et moyennes surfaces : le marché d’Ile-de-France a bénéficié en 2011 du dynamisme du segment des petites et moyennes surfaces. Ainsi, le nombre total de transactions a fortement augmenté en 2011 (2 590 contre 2 264 en 2010) tandis que le volume total des mouvements inférieurs à 4 000 m² a progressé de 25 % d’une année sur l’autre. Le rôle décisif des grandes transactions ne s’est pas non plus démenti, en dépit du recul de leur part dans la demande placée totale, passée de 51 % en 2010 à 45 % en 2011. L’augmentation du nombre de ventes utilisateurs est un autre élément marquant de 2011. Celles-ci ont totalisé 377 017 m², soit plus du double du volume enregistré en 2010, tendance à l’acquisition qui pourrait se prolonger en 2012 en raison de l’évolution des normes IFRS.
– Paris reste le moteur du marché francilien : en 2011 la demande placée a augmenté dans la plupart des secteurs géographiques d’Ile-de-France. Certains marchés se sont plus particulièrement distingués, comme Paris Centre Est où le volume placé a bondi de 26 % sur un an. Le Nord connaît une progression encore plus importante (+136 %) avec 248 295 m2 placés, record qu’il convient toutefois de relativiser compte-tenu du projet de regroupement de SFR à Saint-Denis. Le marché de la capitale apparaît, par contraste, remarquablement stable et solide. Ainsi Paris intra-muros a concentré 39 % de la demande placée en 2011, part élevée reflétant la hausse de la commercialisation de petites et moyennes surfaces et le nombre toujours conséquent de mouvements supérieurs à 4 000 m² (30 en 2011 contre 32 en 2010).
– Une forte hausse du loyer prime[1] : s’établissant à 838 €/m²/an, le loyer prime d’Ile-de-France est en hausse de 10 % sur un an. Ce rebond traduit la demande soutenue des utilisateurs les plus à même de payer le prix fort pour une implantation dans les beaux quartiers de Paris, dans un contexte de forte pénurie de l’offre restructurée de qualité. Les valeurs locatives se sont par ailleurs maintenues à des niveaux élevés dans des secteurs où les opportunités d’immeubles neufs ou d’actifs de seconde-main de qualité sont rares (Paris Centre Est). Elles ont aussi résisté de façon remarquable à La Défense, du fait du succès de la tour First. De façon générale, les mesures d’accompagnement restent un élément clé du marché. Comme dans les quartiers les plus prisés de la capitale, la raréfaction inéluctable de l’offre de qualité devrait toutefois affecter, à court terme, les conditions de négociation entre bailleurs et locataires dans d’autres secteurs.
– Une absorption rapide de l’offre de qualité : 3 720 902 m² de bureaux sont disponibles à moins de six mois en Ile-de-France à la fin de 2011, soit une baisse de 8 % sur un an. C’est le niveau élevé de la demande dans la capitale surtout qui a tiré à la baisse le volume total de l’offre disponible. Ainsi, l’offre a diminué de 14 % à Paris entre les 1er et 4e trimestres 2011 quand elle n’a diminué que de 7 % dans le reste de la région. A ces contrastes géographiques s’ajoute une distinction croissante de l’offre en fonction de la qualité des actifs. La volonté des utilisateurs de réduire leurs coûts immobiliers a de fait permis d’écouler une grande partie de l’offre neuve. L’absorption de l’offre de seconde-main est plus lente du fait de la poursuite des libérations de grandes surfaces.
Les prochains mois devraient compromettre le redressement du marché des bureaux d’Ile-de-France, douchant les espoirs de démarrage d’un nouveau cycle immobilier. Le retour des destructions d’emplois et l’aggravation de la crise de la dette souveraine ont de fait assombri l’horizon économique et, exacerbant la prudence des entreprises, devraient peser sur l’évolution de la demande placée en 2012. Contraints de poursuivre la réduction de leurs coûts immobiliers, plusieurs grands utilisateurs continueront toutefois d’absorber les bureaux neufs ou de seconde-main de qualité d’Ile-de-France. Cette évolution profitera aux marchés les plus établis, qui offrent quelques rares opportunités, et aux marchés tertiaires les plus proches de Paris ou de La Défense qui disposent de bureaux neufs à moindre coût et bien reliés aux transports.
LE MARCHÉ DES GRANDS ENTREPOTS EN FRANCE
Après deux années de ralentissement, le marché des grands entrepôts a renoué avec la croissance. Ainsi, 2 230 000 m² ont été placés[2] en 2011, soit une hausse de 26 % par rapport à 2010. Pour partie liée à la reprise de l’économie en début d’année, cette bonne performance résulte avant tout de mouvements mis en œuvre par les entreprises pour rationaliser leur chaîne d’approvisionnement. Les chargeurs de la distribution en particulier ont continué de soutenir l’activité, notamment en région parisienne mais aussi dans des pôles qui avaient marqué le pas en 2010 comme Marseille ou le nord de la France.
– Un marché soutenu par le désir des utilisateurs de réduire leurs coûts immobiliers : le décalage entre les bonnes performances du marché français et la dégradation du climat économique est pour partie imputable au délai de réalisation de transactions initiées depuis plusieurs mois. Mais il tient également à la volonté des utilisateurs d’accélérer la rationalisation de leur immobilier. Ainsi, le vif appétit des chargeurs et des prestataires pour de grandes plateformes neuves ou récentes bien situées ne s’est pas démenti, confirmant l’importance d’une localisation au plus proche des grands axes de communication pour réaliser d’indispensables économies de transport.
– L’augmentation de la part des quatre pôles de la dorsale Nord-Sud : les quatre principaux marchés de la dorsale Nord-Sud (Lille, Paris, Lyon, Marseille) demeurent les plus prisés, au détriment de secteurs moins adaptés aux stratégies d’optimisation des utilisateurs. Passée de 72 % en 2010 à 77 % en 2011, leur part dans la demande placée en France s’est accrue du fait des bonnes performances de pôles qui avaient marqué le pas en 2010, comme Marseille (200 000 m² placés) ou Lille (360 000 m² placés). Mais l’Ile-de-France reste le premier pôle logistique de l’Hexagone. Avec 820 000 m² loués ou vendus aux utilisateurs en 2011, la demande placée y enregistre une augmentation de 4 % par rapport à 2010 et de 28 % par rapport à la moyenne de la demande placée des dix dernières années.
– Une décrue de l’offre disponible : totalisant 3,5 millions de mètres carrés disponibles en France à la fin de 2011, le volume de l’offre a diminué de près de 15 % sur un an. Les régions de Paris et de Lyon représentent la moitié de ce volume, tandis que la reprise de la demande dans les marchés lillois et marseillais y a sensiblement réduit le nombre d’opportunités. Le vif appétit des utilisateurs pour des bâtiments leur permettant de rationaliser leur outil immobilier a de fait entamé le stock d’offres neuves – absorption toutefois limitée par un nombre important de clés-en-mains – mais également contribué à l’écoulement des bâtiments de seconde-main répondant aux normes. Surtout, liée à la prudence des investisseurs et à d’évidentes difficultés de financement, l’absence de reprise des lancements de projets en blanc a contribué au net ralentissement du rythme des livraisons dans l’Hexagone.
– Une stabilisation des loyers faciaux : en 2011, la stabilité des valeurs locatives est restée la règle avec un loyer prime toujours légèrement supérieur à 50 €/m²/an en Ile-de-France. Les exigences d’utilisateurs avant tout motivés par la réduction de leurs coûts immobiliers continuent de fait de peser sur l’évolution des conditions de négociation avec les bailleurs, d’autant que la réforme de la taxe sur les bureaux, étendue aux locaux de stockage et aux surfaces de stationnement, a sensiblement alourdi la fiscalité immobilière. Désireux de limiter la vacance de leurs biens, ces derniers consentent d’importantes mesures d’accompagnement, sous la forme, principalement, de franchises de loyer comprises en moyenne entre 1,5 et 2 mois par année d’engagement.
En 2012 les incertitudes du climat économique pèseront sur les besoins de stockage des entreprises. Quelques facteurs soutiendront toutefois l’activité. Désireux de chercher de nouveaux relais de croissance, de grands prestataires investiront davantage le champ du e-commerce et la distribution de produits à haute valeur ajoutée. Cette tendance ne sera pas sans effets sur l’évolution de la demande des utilisateurs et de l’offre de nouveaux entrepôts, reflétant l’essor d’une logistique plus sophistiquée. Mais la mise en place de schémas de distribution plus complexes ne remettra pas en cause les fondamentaux du marché français. Priorité absolue des utilisateurs, l’optimisation des coûts logistiques confirmera ainsi l’importance de charges maîtrisées et d’une excellente desserte dans le succès d’un site.
LE MARCHÉ DE L’IMMOBILIER DE COMMERCES EN FRANCE
Le regain d’activité observé à la fin de 2010 s’est prolongé au cours d’une année 2011 marquée par le dynamisme des grands groupes du luxe, l’expansion de plusieurs enseignes internationales et les nombreuses ouvertures de nouveaux entrants. Toutefois, la volonté des enseignes de maîtriser leurs coûts d’occupation et les risques inhérents à toute nouvelle implantation n’a pas cessé de caractériser le marché français de l’immobilier de commerces. Très prudentes, la plupart ont conservé un mode de développement opportuniste, continuant de cibler les meilleurs emplacements de l’Hexagone.
– Un nombre important de nouveaux entrants : les enseignes internationales ont accéléré leur développement, qu’il s’agisse d’acteurs présents depuis peu dans l’Hexagone (Fossil, Desigual, New Yorker) ou de groupes plus établis (H&M). De nouveaux entrants ont également animé le marché français au premier rang desquels des Anglo-saxons, comme Banana Republic et Marks & Spencer sur les Champs-Elysées. Ainsi, l’afflux de nouveaux acteurs a illustré l’attrait de la place parisienne mais aussi celui des grands centres commerciaux du pays (Hollister et Forever 21 dans Vélizy 2).
– Une distinction croissante entre emplacements n°1 et secondaires : l’animation du marché immobilier des commerces ne doit pas masquer la défiance d’un nombre croissant d’acteurs face à la dégradation du climat économique. La rationalisation de leur réseau de boutiques et la maîtrise de leurs coûts immobiliers restent au premier rang de leurs préoccupations. Cette prudence explique aussi l’appétit persistant des enseignes internationales pour des sites et emplacements n°1 leur permettant de limiter les risques associés à leurs ouvertures. Les centres commerciaux et parcs d’activités commerciales qui ont fait leur preuve, les projets neufs bénéficiant de vastes zones de chalandise et les artères prime de Paris et des principales métropoles régionales demeurent par conséquent la cible prioritaire des enseignes.
– La multiplication de petites et moyennes opérations de centres commerciaux : le volume des ouvertures de mètres carrés de centres commerciaux a connu une hausse sensible en 2011 (348 617 m² contre 213 618 m² en 2010). Pourtant, peu de grandes opérations ont animé ces derniers mois, à l’exception notable des 56 000 m² du Millénaire à Aubervilliers. Plus qu’au développement de centres régionaux, le rythme soutenu de la production de nouveaux mètres carrés tient en effet davantage à la multiplication de petites et moyennes opérations. Modestes en taille, celles-ci traduisent la volonté de renforcer l’attractivité des centres urbains des villes moyennes (l’Espace Saint-Christophe à Tourcoing et La Cour des Capucins à Thionville, ouverts en 2011). Le volume important d’ouvertures s’explique également par la concrétisation de nombreux projets d’extension et de redéveloppement, reflet d’une tendance à la dynamisation de l’offre existante qui se prolongera en 2012.
– Baisse des ouvertures de parcs d’activités commerciales : en 2011, 320 481 m² de parcs d’activités commerciales ont ouvert en France contre 479 824 m² en 2010. La répartition géographique des ouvertures illustre le renforcement des pôles établis. L’évolution du parc montre aussi la poursuite du développement de nouveaux projets dans les régions qui devraient connaître, dans les années à venir, une forte croissance démographique. Ainsi, l’ouest et le sud de l’Hexagone ont vu quelques-unes des ouvertures les plus significatives, en taille, de 2011 (Buld’Air Shopping Centre près d’Avignon). Ce sera encore le cas en 2012 avec l’ouverture de L’Atoll, près d’Angers.
– Stabilité des valeurs locatives prime : La stabilité générale du marché français masque d’importants contrastes en fonction du format concerné et de la qualité de l’emplacement. Si les valeurs locatives des principales artères ont peu évolué, la montée en gamme de certains axes très peu offreurs et la forte demande des enseignes expliquent le prix élevé que certains groupes sont prêts à payer pour s’y implanter. 2011 a en revanche confirmé le durcissement des conditions de négociation dans les centres commerciaux entre des enseignes fragilisées par des taux d’effort importants et des propriétaires contraints, pour limiter la vacance de leurs biens, d’octroyer davantage de mesures d’accompagnement. Cette tendance concerne notamment les nouveaux centres, dont les conditions de commercialisation pâtissent du démarrage difficile des projets ouverts récemment.
Le rebond du chômage pèsera sur le marché immobilier des commerces en 2012. Les mesures d’austérité auront aussi leur importance. Elles pourraient ainsi affecter la consommation de ménages aux arbitrages toujours plus décisifs. Les enseignes seront par conséquent contraintes de poursuivre l’adaptation de leur offre aux mutations rapides des modes de consommation, dans un contexte rendu très concurrentiel par l’essor du e-commerce et par l’arrivée de nouveaux entrants étrangers cherchant des relais de croissance en dehors de leur base. Les enseignes accélèreront aussi la rationalisation de leur réseau de magasins et tenteront de saisir les rares opportunités disponibles sur les meilleurs emplacements de l’Hexagone, soucieuses de limiter les risques associés à leurs ouvertures.
« Plusieurs facteurs pourraient influencer les stratégies immobilières des utilisateurs et des investisseurs en 2012. Ainsi, la poursuite de l’assèchement de l’offre de qualité favorisera sans doute l’attentisme des entreprises » explique Olivier Gérard. Quelques évolutions réglementaires auront également leur importance, à l’instar du projet de révision de la norme comptable IAS 17, de l’entrée en vigueur possible de l’ILAT ou de la publication du décret portant sur l’amélioration de la performance énergétique du parc tertiaire existant. Surtout, les nuages s’amoncelant sur la zone euro et le secteur financier augurent de lendemains qui déchantent pour l’activité économique de la France, dont l’actualité sera par ailleurs dominée par les élections de 2012. « La détérioration du marché de l’emploi pourrait plomber la consommation des ménages et limiter les mouvements émanant d’activités habituellement très consommatrices de surfaces de bureaux, comme le secteur financier. La dégradation du climat économique risque aussi de mener à un certain blocage du marché de l’investissement, lié au décalage croissant entre les attentes des vendeurs et des acquéreurs » poursuit Olivier Gérard. L’inadaptation d’une part conséquente du parc, l’évolution des rapports entre propriétaires et utilisateurs, et la pertinence d’investir ou non en dehors des marchés core feront également de 2012 une année charnière. « Pourtant, les fondamentaux de notre marché restent sains, et attractifs sur le plan international. Le scenario le plus probable est donc celui d’une baisse limitée des volumes investis et des mètres carrés loués ou vendus aux utilisateurs, qui ne remettra pas en cause la solidité du marché français de l’immobilier d’entreprise » conclut Olivier Gérard.
A propos de Cushman & Wakefield
Fondée en 1917, Cushman & Wakefield est la plus importante société privée de conseil en immobilier d’entreprise dans le monde. Avec 235 bureaux répartis dans 60 pays et plus de 14 000 collaborateurs, Cushman & Wakefield propose à ses clients, tant PME que sociétés du CAC 40, une gamme complète de services à travers cinq lignes de métier : la Transaction (service dédié aux propriétaires et aux utilisateurs d’immobilier de bureau, de commerce et industriel), Capital Markets (destiné à aider nos clients investisseurs dans leurs diverses stratégies d’investissement), Corporate Occupier & Investor Services (conseille les grands comptes et les propriétaires dans leur stratégie immobilière), le Conseil et le service Expertise (en charge des évaluations de biens immobiliers et des optimisations de valeur). Leader incontesté de l’immobilier commercial, notre société publie de nombreuses études auxquelles vous pouvez accéder grâce au Knowledge Center sur notre site internet. www.cushmanwakefield.fr
[1]Moyenne pondérée des cinq transactions les plus élevées (valeurs locatives faciales) des surfaces > 1 000 m² de l’année en cours.
[2]Transactions > 5000 m² incluant clés-en-main et comptes-propres et excluant les renouvellements