Le gouvernement mexicain n’a pas honoré sa promesse de protéger les migrants contre les violations généralisées de leurs droits fondamentaux, a déclaré Amnesty International dimanche 18 décembre à l’occasion de la Journée internationale des migrants.
Au cours de l’année écoulée, l’organisation a recueilli des informations sur de nombreux cas dans lesquels des migrants originaires d’Amérique centrale traversant le Mexique ont été enlevés, torturés, violés, soumis à une disparition forcée, voire tués, par des bandes criminelles, souvent avec la complicité de représentants de l’État. Les défenseurs des droits des migrants ont eux aussi été pris pour cible comme jamais auparavant.
« Malgré les promesses de changement faites par le gouvernement mexicain, les violations systématiques visant les migrants n’ont enregistré aucun recul, les lois et autres mesures officielles n’ayant eu qu’un impact limité dans le meilleur des cas », a déploré Rupert Knox, spécialiste du Mexique à Amnesty International.
« Les mesures visant à prévenir et punir ces crimes sont rares. »
En février 2011, la Commission nationale des droits humains a indiqué que 11 000 migrants avaient été enlevés au cours des six mois précédents.
En avril, de nouveaux charniers ont été découverts dans la municipalité de San Fernando, dans l’État du Tamaulipas. Les 193 corps non identifiés seraient ceux de migrants mexicains et originaires d’Amérique centrale enlevés alors qu’ils cheminaient en direction de la frontière avec les États-Unis ; moins de 30 ont été identifiés.
En l’espace de trois mois, les restes mortels de trois migrants ont été retrouvés à quelques mètres seulement du centre d’accueil pour migrants de San Juan Diego à Lecheria, dans l’État de Mexico.
Les auteurs présumés des violations sont rarement amenés à rendre des comptes, et de nombreuses affaires d’enlèvement ou de meurtre de migrants ne donnent pas lieu à des enquêtes dignes de ce nom.
Tout au long de l’année 2011, des défenseurs des droits des migrants ont été victimes d’agressions, de menaces de mort et d’actes d’intimidation en représailles contre leur action visant à soutenir les migrants. Le frère Tomás, qui dirige « La 72 », un refuge pour migrants à Tenosique, dans l’État du Tabasco, a reçu des menaces de mort anonymes par téléphone et a été insulté par des membres de la police de l’État et de l’armée.
En août 2010, à la suite du massacre de 72 migrants dans l’État du Tamaulipas, le gouvernement mexicain a donné le coup d’envoi de sa stratégie visant à combattre les abus perpétrés contre les migrants. Un an plus tard, aucune avancée ne semblait avoir eu lieu.
Lorsque le Mexique s’est présenté devant le Comité des Nations unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants en avril 2011, il est apparu clairement que le gouvernement n’avait pas de plan d’action concret visant à résoudre la crise des droits des migrants dans le pays.
Une nouvelle loi sur la migration adoptée cette année devrait favoriser une meilleure protection des droits des migrants, mais la loi d’application proposée n’a pas été soumise à la société civile pour consultation, ni mise en œuvre. Parallèlement, bien que certaines mesures aient été prises au niveau de l’instance gouvernementale chargée de la migration (l’Instituto Nacional de Migración) dans le but d’écarter les fonctionnaires corrompus, les violations continueraient.
« Ces deux dernières années, nous avons demandé aux autorités fédérales mexicaines de procéder à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un plan d’action visant à protéger les migrants et à mettre fin aux violations. Il est grand temps qu’elles traduisent leurs promesses en actes », a conclu Rupert Knox.
Pour marquer la Journée internationale des migrants, Amnesty International a créé un diaporama de photos accompagnées de témoignages de migrants ayant été enlevés au cours de leur périple.