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Changement climatique – Les fleuves arctiques : de moins en moins d’eau de fonte de neige pendant les crues de printemps


Le débit d’eau dans les fleuves arctiques dépend de la fonte des neiges au printemps. Logique. Pourtant, dans la partie nord de la Sibérie occidentale, des chercheurs ont constaté que le rôle de cette eau de fonte dans les crues de printemps de quatre fleuves diminue. Une baisse qui s’ajoute à la réduction récente de la couverture neigeuse en Arctique, affectée par le changement climatique.

L’eau provenant de la fonte du manteau neigeux est une des sources principales du débit des fleuves arctiques. Cependant, en quantifiant cet apport pendant les crues de printemps des fleuves Poluy, Nadym, Pur et Taz (dont la taille totale du bassin versant est comparable à la superficie de l’Allemagne) des chercheurs du LEGOS (CNES-CNRS-IRD-UPS), de Météo-France et de l’Université de Tomsk en Russie ont pu observer qu’en moyenne un tiers de cette eau de fonte n’alimente pas les fleuves pendant les crues de printemps, cette part augmentant dans les années récentes.

Cette étude, parue dans le Journal of Hydrometeorology, s’appuie sur des données in situ existantes et des mesures satellitaires dans le domaine des micro-ondes passives (capteur SSM/I).

Ces données ont permis d’estimer un équivalent en eau de la neige pour les hivers de 1989 à 2006 qui est bien supérieur au débit des rivières lors des crues du printemps.

Si au début des années 1990, 20 à 30% de l’eau de fonte ne contribuait pas aux crues de printemps, depuis 2000 ce chiffre est passé à 50 voire 60%.

En cause : la température de l’air a augmenté, d’où une évaporation plus forte et des changements dans la végétation (un des principaux facteurs contrôlant les flux d’eau), mais aussi dans la profondeur de la couche active. Les paysages naturels ont aussi fortement changé au cours des deux dernières décennies sous l’influence de l’activité humaine : construction récente de routes, de lignes électriques, de gazoducs. Cette activité a changé dramatiquement le réseau primaire hydrographique sur de larges bandes latérales de plusieurs kilomètres. Les incendies pourraient être un autre facteur influençant ces pertes puisque leur impact sur les régions de toundra est complexe et encore mal étudié. Au bilan, l’eau est de plus en plus retenue dans la couche active (au-dessus du pergélisol) et dans les zones humides, avant soit de s’évaporer soit de s’écouler graduellement vers les fleuves pendant l’été (après les crues de printemps).

Contacts presse
Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS) : Alexei Kouraev | Alexei.Kouraev@legos.obs-mip.fr | 05 61 33 29 66