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Electricité : comment éviter le black-out cet hiver ?


Depuis l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie, deux mécanismes précis de gestion de l’offre et de la demande régissent les échanges d’électricité en Europe. Sont-ils vraiment efficaces pour assurer continuité de la production, la sûreté de l’approvisionnement et éviter les ruptures ? Un article de la prestigieuse revue internationale Energy Economics fait le point.

Les «enchères implicites» sont l’un des deux systèmes utilisés, notamment en Europe du Nord, pour négocier l’échange d’électricité entre les pays européens. Elles tiennent compte simultanément du coût de l’énergie et des capacités de transport du réseau dans une zone déterminée. Alors que le deuxième mécanisme «les Enchères explicites» distingue les échanges d’énergie des capacités de transport du réseau. Les propositions de prix et de capacité de transport se font en deux étapes distinctes. La France, le Royaume Uni, l’Allemagne, le Danemark, la Belgique et les Pays Bas utilisent ce deuxième système.

Lequel des deux mécanismes est le plus efficace pour éviter les ruptures d’approvisionnement ? C’est ce qu’ont cherché à évaluer Céline Jullien, économiste et professeur à Grenoble Ecole de Management; V. Pignon R&D à EDF, Stéphane Robin, chargé de recherche au CNRS et Carine Staropoli de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, qui ont publié leurs résultats dans la prestigieuse revue académique Energy Economics.

Des recherches menées avec une méthode expérimentale qui a consisté à reproduire en laboratoire les caractéristiques du réseau électrique ouest-européen actuel. Les prix de l’énergie, les prix de transport, l’efficacité du marché et l’allocation des capacités de transport ont ainsi été passés au crible.

Les résultats
Ils établissent la nette supériorité en termes d’efficacité du système des enchères implicites. Les tests ont démontré que les participants dans le cadre des enchères explicites avaient beaucoup de difficulté à anticiper les effets de l’offre et de la demande sur ces marchés et prenaient des décisions inefficaces qui généraient des surplus dans l’échange et dans l’allocation des capacités de transport. Alors que l’enchère implicite est nettement plus performante, améliorant les résultats sur ces deux fronts.

Ces conclusions prennent tout leur poids dans les réflexions actuellement menées par les opérateurs, les gestionnaires de réseaux de transports et le gouvernement qui craint des ruptures dès cet hiver lors des pics de consommation. Notamment avec la remise du rapport hier par la RTE au Ministre Eric Besson.

Car, au-delà des enjeux sur les usages de transfert de l’énergie et la sûreté de son approvisionnement, se posent les problèmes d’un réseau vieillissant dont les capacités à fournir de l’électricité sont limitées par rapport à une demande en hausse continue plaçant la filière énergie au cœur des débats.