Le débat posé par une entreprise qui a décidé de ne servir que des plats Hallal pour augmenter ses marges, induit tout sauf une polémique stérile.
Nous sommes bien face à une démarche qui nuit de façon délibérée à la tradition républicaine laïque.
Un rappel : la Laïcité permet, par la neutralité de l’espace public en ce qui concerne les croyances, le bien vivre ensemble. Par là même, lorsqu’une personne fait le choix d’inscrire sa façon de se nourrir, ou de se vêtir, ou de se comporter avec d’autres personnes en fonction de dogmes édictés il y a plusieurs siècles, ce n’est acceptable que tant que la liberté d’autrui de ne pas se plier à ces dogmes est elle aussi respectée.
Les plats servis traditionnellement par Quick étaient, majoritairement, à base de viande de bœuf conventionnel et de porc. D’autres recettes, à base de poulet ou de poisson étaient proposées, permettant à ceux qui, par choix personnel, ne souhaitaient pas manger de porc ou de bœuf de se restaurer tout de même. Aussi, quand Quick ne sert plus de viande saignante et de porc dans certains de ses restaurant », cette entreprise impose au plus grand nombre les choix religieux de certains de ses clients.
Chacun peut, par choix, décider de manger dans un restaurant de culture et de religion différente et sait ce qu’il va y trouver. Ce qui est contestable ici c’est que, par stratégie marketing, la chaînes de restaurants –dont la caisse des dépôts et consignations françaises est l’actionnaire majoritaire – décide de changer les plats habituellement servis pour les remplacer afin de s’adresser prioritairement à une clientèle communautaire, et cela dans certains quartier uniquement. On privilégie ici les identités particulières et, ce faisant, on en fait la norme et on entérine par ces pratiques la ghettoïsation, la mise à l’écart, d’une partie entière de la population.
« Vivre ensemble dans le respect mutuel en permettant à chacun de vivre ses choix » doit être LE mot d’ordre sociétal de notre pays. Personne ne doit être enfermé, a priori, dans un carcan culturello-sociétal par qui que ce soit, sa famille, un clergé, ou l’industrie. Chacun doit pouvoir quitter le cadre culturello-sociétal dans lequel on l’a élevé, et l’État doit être garant de l’exercice de ce droit.
Or, s’agissant de la viande hallal, la règlementation européenne autorise des dérogations à l’obligation d’étourdissement de l’animal avant son abattage pour obéir aux rites juifs et musulmans. Ceux-ci stipulent en effet que l’animal ne peut être blessé et donc étourdi avant d’être égorgé. Autre obligation : cet abattage doit être accompli par un sacrificateur agréé pour que la viande soit halal. Mais d’après certaines études : 28% des bovins, 43% des veaux et 62% des ovins et caprins seraient occis selon un rite religieux. Des proportions bien supérieures aux consommations des Juifs et Musulmans. Ce qui signifie que l’exception est pour une large part devenue la règle, dans des proportions qui dépassent largement la consommation de viande hallal ou kasher par les pratiquants. Cette situation pose vraiment la question des conséquences à attendre de ces nouvelles exigences communautaristes pour la société dans son ensemble. Certaines entreprises vont-elles se plier à toutes les exigences communautaristes pour conquérir des marchés : ne recruter que des serveurs de certaines religions pour ne pas souiller la nourriture ? Faire voiler le personnel féminin dans les restaurants Hallal ? Diviser les espaces d’accueil du public en deux, une salle pour les hommes et une salle pour les femmes?
Il en va de notre projet républicain, nos élus ne peuvent pas rester silencieux face à ces pratiques qui remettent en cause la communauté citoyenne.
Web : www.observatoirelaicite95.org