Dans la cadre de sa campagne européenne contre le commerce de l’ivoire, IFAW (Fonds international pour la protection des animaux – www.ifaw.org) lance sur Facebook la plus longue marche d’éléphants jamais réalisée pour sauver cette espèce menacée. Cette marche virtuelle est mondiale et peut être rejointe en signant la pétition en ligne (www.elephantmarch.com) qui réclame aux décideurs de la planète et plus particulièrement à ceux des Etats membres de l’UE, de prendre des mesures strictes pour lutter contre le braconnage des éléphants et le trafic de l’ivoire tout en s’opposant définitivement à toute reprise du commerce international de l’ivoire.
Chaque signature se transforme en un éléphant pouvant être doté d’un message personnel et qui rejoint une file indienne symbolique. Après deux semaines de mise en ligne, la marche comptait déjà plus de 150 000 éléphants.
La France se révèle être, à ce jour, le second pays européen en terme de mobilisation autour de cette pétition, ce qui n’étonne en rien Céline Sissler-Bienvenu, Directrice d’IFAW France et Afrique francophone : «Les sondages d’opinion menés à l’échelle européenne ces dernières années montrent que les Français sont parmi les européens qui se sentent très concernés et interpellés par le sort dramatique des éléphants, et cela à raison. Depuis 2009, le braconnage des éléphants connaît un regain très inquiétant qui doit alerter nos responsables politiques quant à la nécessité de réinstaurer un embargo international total sur toute vente d’ivoire et veiller à son application. » Aujourd’hui, à moins de recourir à des analyses ADN très coûteuses, il est pratiquement impossible de distinguer l’ivoire légal de l’ivoire illicite. Par conséquent, l’existence d’un commerce légalisé de l’ivoire permet de mettre sur le marché de l’ivoire illicite issu du braconnage.
Plusieurs populations d’éléphants d’Afrique pourraient disparaître d’ici à 13 ans en raison du trafic de leurs défenses destinées à alimenter la demande croissante d’une classe moyenne émergeante pour l’or blanc notamment en Chine où un marché domestique légal de l’ivoire perdure. « Tant qu’il existera des débouchés commerciaux pour l’ivoire, les éléphants seront tués pour leur défenses », précise Céline Sissler-Bienvenu. « A titre d’exemple, le Parc national de Zakouma au Tchad comptait 3 885 éléphants en 2005. En 2010, ils n’étaient plus que 542. »
En termes de saisies, l’année 2011 promet de marquer un nouveau record: au moins 4 759 défenses d’éléphant et 12 493 kg d’ivoire ont déjà été saisis par les douanes dans le monde. Cela représente déjà 3 629 éléphants abattus. Mais selon l’OMD, les douaniers n’intercepteraient que 10% du trafic, ce qui nous conduit à un chiffre effrayant de plus de 36 000 pachydermes tués.
L’autre élément alarmant est la recrudescence des saisies de plus de 800 kg, lesquelles témoignent de l’implication croissante des réseaux criminels organisés. Ces derniers profitent et bénéficient du manque de coordination internationale.
Selon une enquête IPSOS*, 75% des français identifient bel et bien le commerce de l’ivoire comme la première menace qui pèse sur les éléphants, en revanche, 43% d’entre eux croient que l’ivoire issu des défenses d’éléphants peut être obtenu sans tuer l’animal. Cela est faux : chaque morceau d’ivoire provient d’un éléphant mort et les braconniers recourent à des méthodes de plus en plus sophistiquées, mais non moins cruelles, qui condamnent souvent les éléphants à une longue et douloureuse agonie.
Pour protéger les derniers éléphants de la planète, IFAW travaille avec les communautés locales pour remédier aux situations conflictuelles homme-éléphant, renforce les capacités de lutte contre la fraude et contre le braconnage dans les parcs et les réserves et mène des campagnes de sensibilisation auprès du public visant à réduire la demande pour l’ivoire tant en Europe qu’en Asie.
*Sondage d’opinion IPSOS «Les Français face aux menaces pesant sur les éléphants » administré par téléphone les 27 et 28 mai 2011 selon la méthode des quotas auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
En 1989, la Convention des Nations-Unies sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a accordé aux éléphants sauvages le plus haut niveau de protection en les classant dans l’annexe I. L’achat et la vente d’ivoire et d’autres parties du corps des éléphants d’Afrique et d’Asie ont été dès lors interdits. Mais un changement dans cet accord a permis à quelques pays de vendre leurs stocks d’ivoire, ce qui a stimulé la demande et relancé la contrebande d’ivoire et donc le braconnage.
A propos du braconnage : Compter, mesurer, enregistrer et développer un suivi complet du braconnage des éléphants est impossible. Les quantités et les distances induites rendent la tâche herculéenne. C’est la raison pour laquelle on se retrouve avec des preuves anecdotiques, des histoires et des décomptes qui, une fois combinés, peuvent nous donner un aperçu du commerce illicite global de l’ivoire et nous faire mesurer l’ampleur de la menace qui pèse sur les éléphants.
Il est évident que la menace est très grave. Selon ETIS, on constate « une augmentation constante du commerce illicite de l’ivoire depuis 2004, avec un pic exceptionnellement haut en 2009….les saisies d’ivoire ont atteint des niveaux records en 2009 qui ont perduré en 2010. »
D’ores et déjà, 2011 promet de marquer un nouveau record, avec au moins 4 759 défenses d’éléphant confisquées à la suite des saisies ci-dessous dont nous avons connaissance:
1er avril : les autorités thaïlandaises découvrent 247 défenses cachées dans une cargaison en provenance du Kenya, la provenance de l’ivoire, quant à elle, n’est pas clairement établie.
Deux semaines plus tard : les autorités vietnamiennes saisissent 122 défenses d’éléphant, et le lendemain, ce sont les autorités chinoises qui en découvrent 707 durant une inspection de routine.
Début mai : les autorités kenyanes découvrent 84 défenses d’éléphant à l’aéroport de Nairobi.
Juin : 22 éléphants sont braconnés dans le Bassin du Congo portant à au moins 77 le nombre d’éléphants alors tués en 2011.
8 juillet : les autorités malaises saisissent 405 défenses d’éléphant.
26 juillet : les agents du Département américain des pêches et de la faune sauvage (USFWS) font la plus grande saisie jamais effectuée à Philadelphie avec près de 1 000 kg d’ivoire, représentant des centaines de défenses.
12 août : un rapport met en évidence une augmentation de 50% – entre 2004 et 2011- du nombre d’objets en ivoire mis en vente dans les usines et les boutiques de Guangzhou, en Chine, la majeure partie ne présentant pas les informations d’identification requises. Guangzhou est la plus grande ville du sud de la Chine mais aussi un point névralgique du commerce de l’ivoire.
Une semaine après ce rapport : un convoi parti de Tanzanie et à destination de la Chine est arrêté en Malaisie transportant 664 défenses d’éléphant.
23 août : 1041 défenses d’éléphant à destination de la Malaisie sont saisies à Zanzibar.
La semaine suivante : les autorités de Hong-Kong saisissent 794 défenses d’éléphants d’Afrique à bord d’un navire en provenance de Malaisie. Cette même semaine, les autorités malaises saisissent 695 défenses d’éléphant en provenance de Tanzanie et à destination de la Chine.
Le 24 octobre, les douanes vietnamiennes annoncent la saisie de plus d’une tonne d’ivoire, soit plus de 221 défenses d’éléphants, à la frontière entre la Chine et le Vietnam.
Prises une à une, ces saisies illustrent un commerce illicite de l’ivoire florissant. Prises collectivement en revanche, elles représentent une menace pour la survie-même des éléphants dans des régions entières d’Asie et d’Afrique.
À propos d’IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux)
Fondé en 1969, IFAW sauve les animaux en détresse tout autour du globe. Grâce à des projets dans plus de 40 pays, IFAW vient en aide à tout animal le nécessitant, œuvre pour prévenir la cruauté envers les animaux et plaide pour la protection des animaux sauvages et de leurs habitats. Pour plus d’informations, visitez notre site web : www.ifaw.org.