Le procès de l’affaire d’espionnage de Greenpeace par EDF et la société Kargus Consultants débutera le lundi 17 octobre, à 9h30 devant la quinzième chambre du tribunal correctionnel de Nanterre. Greenpeace France va réclamer des dommages et intérêts aux prévenus : 168 995 euros à Thierry Lorho et 8 329 000 euros solidairement à EDF, Pascal Durieux et Pierre François.
“Ces sommes correspondent, l’une aux montants des contrats entre EDF et Kargus et, l’autre, au budget de Greenpeace France en 2006, année au cours de laquelle l’association a été espionnée par Kargus à la demande d’EDF“, explique Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. “Nous souhaitons à travers ces dommages et intérêts, mais aussi par les condamnations des personnes physiques et morales mises en cause, que la justice sanctionne ce type d’association de malfaiteurs au sein de l’industrie nucléaire française.”
EDF espionne Greenpeace : rappel des faits
Tout commence par la découverte d’une intrusion informatique dans le Laboratoire national de dépistage du dopage. Lors de la perquisition chez Kargus, officine responsable de cette opération, on découvre que l’ordinateur d’un collaborateur de Greenpeace France, a également été infiltré. En avril 2009, le juge Thomas Cassuto ouvre une instruction. Greenpeace se constitue rapidement partie civile.
“Cette affaire symbolise à quel point la question énergétique est prise en otage en France“, ajoute Pascal Husting.” Ce procès va apporter la preuve que le nucléaire et la démocratie ne sont pas compatibles.”
Des prévenus pas inconnus de l’État
Thierry Lorho, patron de la société Kargus Consultants, est un ancien membre des forces spéciales, puis agent de la DGSE de 1989 à 1999. Après s’être reconverti dans “l’intelligence économique”au sein d’un cabinet privé, il a créé sa propre société de “conseil”, c’est-à-dire une officine privée de renseignement.
Pascal Durieux, directeur de la sécurité d’EDF à l’époque des faits, est un ancien contre-amiral. Et Pierre François, numéro deux de la sécurité d’EDF est un ancien policier de la Brigade de répression du banditisme.
“Que ce soit du côté d’EDF ou de Kargus, la plupart des personnes mises en cause sont issues du sérail étatique. Cette affaire pose la question du lien incestueux entre l’État français et l’industrie nucléaire. Est-il normal que d’anciens hauts fonctionnaires perçoivent des grosses sommes d’argent pour espionner des parties prenantes du débat énergétique ? Je ne le crois pas. En France, l’énergie a besoin d’être libérée de ce système mafieux !“, conclut Pascal Husting.