Le WWF vient d’apprendre qu’un écogarde a été assassiné et un autre sérieusement blessé par des braconniers aux abords du Parc National de Lobéké (Cameroun), où le WWF apporte un soutien essentiel. Ce crime odieux s’est produit le 27 septembre alors que les écogardes étaient à la recherche de gorilles à la lisière de la frontière entre le Cameroun et la République Centrafricaine.
Lors de cette mission d’investigation, ils avaient découvert dans un camp provisoire les carcasses de deux gorilles des plaines de l’Ouest, une espèce protégée. Ayant repéré les écogardes, un groupe de six hommes a ouvert le feu entraînant la mort de Pierre Achille Zomedel, un écogarde travaillant à la protection des espèces depuis 12 ans et blessant sérieusement le second garde, Jean Fils Mamendji.
Ce dernier a pu s’échapper. « J’ai trainé Achille sur 300 mètres mais j’ai dû le laisser pour me sauver, car les braconniers nous encerclaient et tiraient en rafales » a raconté Jean Mamendji en pleurs sur son lit d’hôpital. Le corps de Pierre Achille Zomedel a été retrouvé le lendemain attaché à un arbre. La victime était nue, son corps et sa tête roués de coups et de stigmates à l’arme blanche.
« Cette attaque sauvage a certainement été effectuée délibérément dans le but d’intimider le gouvernement. Les groupes de braconniers se livrent à une guerre sans merci pour les forêts du Cameroun. A travers cette attaque, ils montrent qu’ils ne comptent pas respecter la loi » explique David Greer, coordinateur du WWF, chargé des Grands Singes en Afrique.
Les représailles contre les écogardes ont augmenté depuis quelques mois en réponse au renforcement de la loi concernant le braconnage illégal des espèces menacées. Cette activité s’est particulièrement répandue dans le Sud du Cameroun, principalement là où œuvrent les équipes du WWF. Les victimes de cette violence ne se limitent pas aux écogardes. Plus tôt dans l’année, des braconniers avaient massacré un groupe de 6 pygmées Baka.
« C’est un des jour les plus dramatiques de l’histoire de la protection de la nature dans le Sud Est du Cameroun », affirme Basile Yapo, Directeur du WWF Cameroun. « C’est aussi un témoignage évident du danger auquel nous faisons face sur ce territoire. Ce crime appelle à une action ferme contre les braconniers ».
« Les écogardes sont des hommes courageux qui se lancent dans une bataille souvent inégale contre le trafic d’espèces, troisième trafic dans le monde après la drogue et les armes. Ces hommes sont souvent sous-équipés et particulièrement exposés aux violences et représailles. Les efforts d’application de la loi à tous les niveaux doivent être considérablement renforcés non seulement pour sauver les espèces sauvages mais aussi pour protéger les populations contre cette violence endémique. Comme cette affaire dépasse le crime contre la nature, nous attendons que nos partenaires du gouvernement prennent les mesures nécessaires, afin de localiser et traduire devant les tribunaux compétents les assassins.» ajoute David Greer.
Jean Achille Zomedel laisse derrière lui cinq enfants. Il est le premier écogarde à payer de sa vie son engagement pour la protection de la planète. Ses meurtriers sont sous l’objet d’une poursuite pénale de la part des autorités du Cameroun et de la République Centrafricaine.
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