Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, a pris connaissance avec intérêt du résultat de l’enquête réalisée par l’Institut Montaigne portant sur les villes de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil. Dirigée par le professeur Gilles Kepel, cette étude présente, pour la première fois de manière exhaustive, toutes les problématiques des banlieues difficiles : le logement et la rénovation urbaine, l’éducation, l’emploi, la sécurité, la participation politique et le rapport au religieux.
Le ministre relève que dans le chapitre consacré à l’éducation, le parti pris a été de ne donner la parole qu’aux habitants et non aux acteurs institutionnels qui ne peuvent nuancer des propos souvent à charge. Néanmoins, sur un certain nombre de sujets, le rapport reflète sa perception et son analyse propres : la politique de l’éducation prioritaire, telle qu’elle est conçue et menée depuis trente ans, n’a pas donné les résultats escomptés. Ce chapitre confirme aussi que, si l’Éducation nationale consacre aujourd’hui plus d’un milliard d’euros à l’éducation prioritaire, la réussite dans les quartiers n’est pas seulement affaire de moyens.
Sur chacun des points abordés dans cette partie consacrée à l’éducation, Luc Chatel tient à souligner qu’il a engagé une politique volontariste et pragmatique, non plus fondée sur une logique de zonage qui enferme les établissements scolaires et renforce les déterminismes sociaux et culturels, mais sur une approche individualisée des situations locales et une logique qualitative et personnalisée de l’enseignement. Pour rendre cette approche pleinement efficace, il a accordé une plus grande confiance et une autonomie accrue aux acteurs de terrain, convaincu que c’est à ce niveau des écoles et des établissements scolaires que peuvent vraiment s’élaborer les réponses appropriées aux problèmes identifiés par les équipes pédagogiques et éducatives. Cette conviction, fil rouge de son action, se retrouve dans différents dispositifs initiés dans une démarche d’expérimentation dont les plus emblématiques sont les établissements Éclair et les internats d’excellence.
Luc Chatel est par ailleurs conscient que l’orientation est au cœur des enjeux éducatifs. L’enquête de l’Institut Montaigne présente des témoignages de jeunes sur leur parcours scolaire : leur expérience et leur ressenti sur la façon dont s’est opérée l’orientation en fin de classe de 3e illustrent – probablement de façon excessive- l’inadéquation entre une conception traditionnelle du collège et la réalité de toute une jeunesse. Les conseillers d’orientation ne sauraient être tenus responsables d’un système qui fonctionne mal.
Les différentes réformes engagées depuis quatre ans visent précisément à lutter contre une orientation subie et, au contraire, à mettre en place une orientation choisie, progressive et réversible, au collège comme au lycée.
Au collège ont par exemple été mis en place en cette rentrée des modules en classes de 4e et 3e avec un horaire approprié, qui permettent de découvrir concrètement les métiers et les formations. Au lycée sont désormais proposés un tutorat et un accompagnement personnalisé, des stages passerelles pour reconnaître le droit à l’erreur et assurer les réorientations. Parallèlement la rénovation de la voie professionnelle, dont la mise en œuvre s’achève cette année, porte l’ambition de valoriser tous les talents dans leur diversité et d’amener le plus grand nombre de jeunes à atteindre ce niveau de reconnaissance de l’excellence professionnelle qu’est le baccalauréat, un diplôme mais aussi une qualification, gage d’une meilleure insertion professionnelle.
L’équipe de l’Institut Montaigne signale également l’insuffisante convergence des politiques territoriales à destination des quartiers. Sur ce point, le ministre rappelle la politique de main tendue qu’il a constamment menée en direction des différentes associations d’élus (ARF, ADF et AMF) et les différents groupes de travail qu’il a lancés afin de mieux articuler les politiques des différents acteurs. Le ministre est très favorable au renforcement de la gouvernance locale, expression du principe de subsidiarité auquel il est attaché. Lorsque les collectivités ont rejoint cette ambition, comme pour l’ouverture de l’internat d’excellence de Noyon, l’offre éducative s’en est trouvée renforcée : c’est une piste que le Conseil général de Seine-Saint-Denis n’a jusqu’ici pas voulu suivre mais dans laquelle d’autres territoires se sont désormais engagés.
Enfin, Luc Chatel souhaite rappeler qu’il sera toujours le garant des valeurs et du principe de laïcité à l’école. Tout en ouvrant davantage l’école aux familles, il tient à ce que la neutralité permette à chaque professeur d’inscrire son enseignement dans les principes de notre République et à tous les personnels de l’Éducation nationale de travailler dans le respect de ces principes et de chacun.