Laurent Wauquiez, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a appris avec beaucoup de tristesse le décès de Roger Chevalier dans le courant du mois d’août, à l’âge de 89 ans. Grande figure tutélaire du secteur spatial français, Roger Chevalier était l’un de ces pionniers qui ont posé les fondations sur lesquelles nous continuons de construire l’aventure spatiale française et européenne.
Roger Chevalier fut un des pères de la première fusée française Diamant, prédécesseur du lanceur Ariane. C’est grâce à la compétence et à l’engagement sans faille d’ingénieurs tels que lui que put se réaliser la volonté du Général de Gaulle de doter la France d’un lanceur spatial français, garantie de notre indépendance dans l’accès à l’espace. C’est aujourd’hui au niveau européen que se poursuit ce combat grâce aux programmes Ariane et Vega.
Né en 1922, Roger Chevalier était ancien élève de l’Ecole Polytechnique, Ingénieur de l’Ecole Nationale Supérieure d’Aéronautique, Ingénieur général de l’Armement et Diplômé du Centre d’études supérieures de Mécanique des fluides.
Au cours d’une carrière riche au service de l’aéronautique et du spatial, il a été successivement Ingénieur et Chef de Département à l’Arsenal de l’Aéronautique de Châtillon (1947-1953), Ingénieur en chef à Nord-Aviation (1953-1960), Directeur Technique puis Directeur Général de la SEREB, la Société pour l’Etude et la Réalisation d’Engins Balistiques (1960 à 1970), Directeur Technique Général puis Directeur Général Délégué de l’Aérospatiale (1970-1975).
Membre fondateur de l’Académie des Technologies, il était Vice-président de la Société Nationale Aérospatiale, Membre du Comité Consultatif de la Recherche Scientifique et Technique, Président de l’Association d’Aéronautique et d’Astronautique de France, Vice-président du Groupement des Industries Françaises Aérospatiales, Président de la Fédération internationale d’Astronautique et ancien Président de l’Académie de l’Air et de l’Espace.
En 1959, le Général de Gaulle, convaincu de l’importance stratégique de l’espace, crée la SEREB (Société pour l’Étude et la Réalisation d’Engins Balistiques) qu’il charge de développer les missiles balistiques français. Roger Chevalier, patron technique de la SEREB, découvre rapidement que les véhicules nécessaires au développement des missiles voulus par le Chef de l’Etat permettent la mise en orbite de satellites de quelques dizaines de kilogrammes pour un prix raisonnable. C’est ainsi que le 2 août 1961 le Général de Gaulle donne son feu vert à la construction par les ingénieurs de la SEREB du lanceur Diamant, toute première fusée spatiale française. Il annonce par ailleurs la création d’une agence spatiale française, le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), chargé de proposer la politique spatiale de la France et de la mettre en œuvre, et à l’origine de la création de la famille des fusées Ariane.
Le 26 novembre 1965, la fusée Diamant lancée depuis la base algérienne d’Hammaguir, met en orbite le premier satellite français pesant 39 kg et baptisé Astérix A1. Douze lancements ont lieu entre 1965 et 1975 dont neuf succès. Les trois premiers lancements ont lieu depuis l’Algérie, les suivants depuis le centre spatial guyanais de Kourou en Guyane.