Dans la foulée des récents troubles de la zone euro, une réunion de la commission parlementaire économique, ce lundi, avec les personnalités dirigeantes de l’Eurozone, a souligné que « le paquet des six textes législatifs sur la gouvernance économique » demeure la base sur laquelle bâtir la stabilité à long terme de l’économie. Les députés ont également félicité la BCE pour avoir comblé le vide, face à l’incapacité des États membres à résoudre la crise actuelle.
Lors d’une réunion spéciale convoquée en hâte après que les banques et les marchés obligataires de l’UE aient été sérieusement mis à l’épreuve pendant la plus grande partie du mois d’août, les députés de la commission économique ont discuté de la situation actuelle et des moyens d’en sortir avec le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, celui de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, le commissaire aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, et le président du Conseil ECOFIN, Jacek Rostowski.
Ouvrant un débat de quatre heures, la présidente de la commission parlementaire, Sharon Bowles (ADLE, UK), a déclaré qu’il était temps de commencer à envisager sérieusement les idées ambitieuses qui avaient été reléguées précédemment en raison de leur improbabilité. Une fois éliminée la possibilité de fragmentation de l’euro, il reste à examiner l’improbable, comme les euro-obligations, indépendamment des circonstances, a-t-elle estimé.
La BCE à la rescousse
Les députés de l’ensemble du spectre politique ont été presque unanimes à féliciter la BCE pour avoir joué le rôle que les politiciens nationaux ont eu peur de remplir en prenant des mesures qui ont contribué à calmer la crise de cet été. « C’est grâce à la BCE que nous n’avons pas été victimes des problèmes importants qui nous ont touchés récemment », a déclaré Werner Langen (PPE, DE). « Vous imaginez-vous conseiller des politiciens nationaux une fois que vous serez à la retraite? » a demandé Kay Swinburne (ECR, Royaume-Uni) à M. Trichet, faisant allusion à la réponse inadéquate à la crise des États membres.
Sylvie Goulard (ADLE, FR), a cependant soulevé la question de l’impossibilité pour la BCE de compenser constamment les faiblesses des politiques nationales, la vraie réponse devant résider dans un objectif « non-intergouvernemental ». Elisa Ferreira (S&D, PT) s’en est fait l’écho: « Nous devons réfléchir plus largement et plus profondément, il nous faut une vision ». D’autres ont signalé le manque général d’un leadership efficace dans les capitales de l’UE. Pour sa part, M. Trichet a répété que, « la BCE doit toujours être prudente et ne pas outrepasser son rôle », ajoutant que la vraie solution réside dans un accord sur le « paquet des six » et même « être prêt à aller plus loin à un stade ultérieur ».
Concernant le rôle traditionnel de la BCE en matière de taux d’intérêt, Marta Andreasen (EFD, UK) a demandé s’il n’était pas opportun de réduire les taux d’intérêt d’1% pour relancer les économies de l’UE.
Gouvernance économique à long terme
Le commissaire Olli Rehn a déclaré aux députés »: l’adoption du paquet des six » sera une étape décisive. C’est le fondement nécessaire sur lequel nous porrons continuer de construire. Nous avons besoin d’utiliser la méthode communautaire pour les futures structures de la gouvernance de l’Eurozone », a-t- il déclaré aux députés dans ses remarques introductives.
Répondant aux craintes soulevées par les députés au sujet des plans esquissés en aout concernant la gouvernance économique à long terme, le ministre Rostowski a déclaré que la conclusion du « paquet des six » était une priorité de la présidence polonaise. « Le gouvernement économique Sarkozy-Merkel n’est pas un remplacement du « paquet des six » », a déclaré Corien Wortmann-Kool (PPE, NL). M. Juncker a été sur les mêmes lignes: « N’allons pas croire un seul instant qu’un gouvernement Eurozone tenant deux sommets par an est crédible ».
Les groupes du centre gauche ont régulièrement rappelé la nécessité d’une dimension plus forte de la croissance dans tous les modèles futurs de la gouvernance économique. « L’austérité acharnée est-elle encore d’actualité dans le contexte actuel de ralentissement de la croissance? », a demandé le socialiste Liem Hoang Ngoc (FR). « Nous parlons d’inflation et d’austérité, jamais d’emplois et de relance de l’économie », a souligné Miguel Portas (GUE, PT). Dans l’intervalle, le député Vert Sven Giegold (DE) a déclaré à M. Rehn que le temps d’étudier la faisabilité d’euro-obligations était terminé et que c’était désormais le moment de les proposer.