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Royaume-Uni. Des Travellers irlandais pourraient être expulsés de force


Amnesty International demande aux autorités britanniques d’empêcher qu’ait lieu l’expulsion planifiée de quelque 86 familles de Travellers irlandais, qui se retrouveraient alors à la rue ou sans solution de relogement satisfaisante.

Amnesty International demande aux autorités britanniques d’empêcher qu’ait lieu l’expulsion planifiée de quelque 86 familles de Travellers irlandais, qui se retrouveraient alors à la rue ou sans solution de relogement satisfaisante.

Les autorités locales du comté d’Essex, situé à l’est de Londres, ont demandé aux familles vivant à Dale Farm de quitter le site avant le 31 août. Elles ont fait savoir qu’elles couperaient l’eau et l’électricité à la suite de l’expulsion.

« Jusqu’à 400 personnes risquent de se retrouver sans abri à la suite de cette expulsion forcée, car elles devraient alors libérer les emplacements qu’elles occupent sans qu’on leur ait indiqué de site autorisé où stationner leurs caravanes », a déclaré Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les autorités doivent veiller à ne pas enfreindre le droit international. Au lieu d’expulser les habitants de Dale Farm, elles devraient leur parler pour parvenir à une solution négociée », a-t-elle ajoutée.

L’avis d’expulsion concerne des terrains de Dale Farm où, selon le Conseil de Basildon (autorités locales), « l’habitation n’est pas autorisée ».

Bien que ces terrains appartiennent à des familles de Travellers, de Roms et de Gitans, les Travellers irlandais se sont vu interdire à plusieurs reprises d’y construire des logements en raison de restrictions locales liées à l’occupation des sols.

La mesure d’expulsion proposée n’offre pas aux résidents de Dale Farm de solution de relogement qui respecte leur culture et elle les priverait de l’accès à des services essentiels tels que l’enseignement pour les 110 enfants qui, selon les estimations, vivent sur le site ou les soins médicaux dont ont besoin en permanence les personnes souffrant de graves pathologies.

Si certains d’entre eux se sont vu offrir des logements en dur, beaucoup n’en veulent pas et le Conseil de Basildon n’a pas proposé d’autre solution qui soit acceptable culturellement à tous les habitants risquant d’être expulsés. Bien souvent, ils craignent de se retrouver sans abri.

De nombreux Travellers irlandais de Dale Farm ont aussi fait part de leurs craintes quant à la discrimination dont leur communauté est globalement victime. De plus, ils craignent de ne pas trouver de logement culturellement acceptable à leurs yeux si aucun accord n’est négocié.

« Il est indispensable de parvenir à un accord négocié. Pour ce faire, les autorités locales devraient travailler en coopération avec les habitants de Dale Farm. Cela signifie qu’un véritable processus de consultation doit avoir lieu, de façon à ce que les Travellers irlandais puissent réellement donner leur avis plutôt que de remplir des questionnaires formels et, dans le cas où une expulsion est inévitable, il faut veiller à ce que ces personnes soient relogées en étant à même d’exprimer leur identité culturelle », a expliqué Jezerca Tigani.

Complément d’information
Les Travellers irlandais sont un groupe ethnique originaire d’Irlande, reconnu et protégé en tant que tel par le droit britannique. Un grand nombre d’entre eux vivent dans des caravanes, dans des campements non autorisés ou sur des emplacements autorisés. Les Travellers irlandais, à l’image des Roms et des Gitans au Royaume-Uni, sont victimes d’une discrimination généralisée et rencontrent des obstacles considérables dans l’accès aux services de logement, d’éducation et de santé.

Dale Farm, situé sur des terrains appartenant à des familles de Travellers, de Roms et de Gitans, est le plus grand campement de « nomades » du Royaume-Uni. L’usage résidentiel d’une partie de ces terrains a été autorisé. Ce n’est pas le cas de ceux où vivent les quelque 400 Travellers irlandais qui risquent actuellement d’être expulsés. À plusieurs reprises, ils se sont vu refuser l’autorisation d’aménager ces terrains pour un usage résidentiel à cause de restrictions locales liées à l’occupation des sols.