Quatre membres d’une équipe d’anthropologie médico-légale au Guatemala ont reçu des menaces de mort après avoir témoigné lors d’un procès très médiatisé concernant le massacre commis par l’armée en 1982 qui a fait 250 morts parmi des villageois.
Quatre membres d’une équipe d’anthropologie médico-légale au Guatemala ont reçu des menaces de mort après avoir témoigné lors d’un procès très médiatisé concernant le massacre commis par l’armée en 1982 qui a fait 250 morts parmi des villageois.
Freddy Peccerelli, fondateur de la Fondation guatémaltèque d’anthropologie médico-légale (FAFG), a reçu une menace de mort manuscrite à Guatemala le 8 août. La lettre mentionnait également ses collègues José Samuel Suasnavar, Leonel Estuardo Paiz et Omar Bertoni, qui ont tous témoigné lors du procès.
La menace leur a été adressée après qu’un juge de la ville de Guatemala a condamné quatre anciens militaires d’une unité d’élite à une peine de 6 060 ans d’emprisonnement le 2 août, pour le rôle qu’ils ont joué dans le massacre perpétré en 1982 dans le village de Dos Erres, dans le département du Petén (nord du pays).
« Il est inacceptable que des témoins experts fassent l’objet de telles intimidations. Les autorités guatémaltèques doivent ouvrir une enquête indépendante, approfondie et impartiale sur ces menaces et traduire les responsables présumés en justice, a indiqué Sebastian Elgueta, chercheur sur l’Amérique centrale au sein d’Amnesty International.
« Les Guatémaltèques ont attendu pendant presque 30 ans que justice soit rendue dans l’affaire du massacre de Dos Erres et des centaines d’autres graves violations des droits humains, et l’incapacité à faire barrage à de telles menaces de mort assombrirait la procédure judiciaire. »
Les soldats condamnés lors de ce récent procès faisaient partie d’une unité d’élite de la force militaire anti-insurrectionnelle. Les membres de cette unité sont entrés le 5 décembre 1982 dans le village de Dos Erres, et ont torturé et tué 250 hommes, femmes et enfants pendant trois jours avant de raser le village. La plupart des femmes et des jeunes filles ont été violées et de nombreux villageois, les enfants notamment, ont été jetés dans le puits du village.
Le bureau du procureur général du Guatemala avait demandé aux experts médicolégaux de témoigner lors du procès en s’appuyant sur leur travail d’exhumation et d’analyse des corps des victimes.
Freddy Peccerelli a rapporté à Amnesty International qu’il avait reçu une note manuscrite, rédigée à l’encre rouge, sur laquelle on pouvait lire : « Fils de pute. Vous paierez lentement, pour chacune des 6 050 années que nos collègues vont endurer à cause de vous ; maintenant nous n’allons pas nous contenter de vous regarder, nous allons vous réduire en miettes comme les autres. »
La note poursuivait en ces termes : « Au moment où vous vous y attendrez le moins, vous allez mourir. Votre ADN révolutionnaire ne vous sera d’aucune utilité. Vos familles paieront aussi, elles vous emboîteront le pas. »
« Le Guatemala a un bilan désastreux en termes d’impunité et s’abstenir de sanctionner ces menaces ne fera que pérenniser cette situation, a déclaré Sebastian Elgueta.
« Les autorités doivent mettre en place, avec l’accord des membres de la Fondation guatémaltèque d’anthropologie médico-légale, des mesures de protection appropriées pour eux et leurs familles, et faire en sorte que les témoins experts ne soient plus exposés à de tels risques à l’avenir. »