Dans le cadre du suivi des États généraux de la Sécurité à l’École, réunis en avril 2010, dont l’un des principes fondateurs était d’inscrire tant la réflexion que l’action dans la durée, Luc Chatel, ministre de l’éducation, de la jeunesse et de la vie associative, a demandé, dans une lettre de mission datant du 4 janvier 2011, au président du Conseil scientifique de ces États généraux, Éric Debarbieux, de lui proposer un état des lieux ainsi que des pistes d’actions sur la question du harcèlement scolaire.
Dans le prolongement de cette démarche, le ministre a souhaité réunir, en présence d’Éric Debarbieux, de Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire, et de Claude Bisson-Vaivre, doyen des inspecteurs généraux du groupe vie scolaire, des acteurs du soin psychologique et psychiatrique mais aussi du champ éducatif, tous signataires de la lettre ouverte sur le harcèlement scolaire rendue publique le 26 janvier 2011.
À l’occasion de cette réunion de travail, le ministre a reconnu que la France n’avait pas jusqu’alors élaboré de politique nationale ciblée pour lutter contre le harcèlement scolaire, et ce alors que beaucoup de pays ont, depuis des années, engagé des actions pour prévenir et combattre ce phénomène pluriel.
Luc Chatel a rappelé qu’il avait fait la promesse en 2010 de s’attaquer à cette violence psychique, et parfois physique, entre pairs. Il a rappelé l’extrême diversité de ces phénomènes de violence, procédant le plus souvent d’un jugement négatif et répété que portent des élèves sur un trait distinctif quelconque d’un de leurs camarades, que ce soit sur un handicap, même léger, sur le vêtement, la taille, ou sur les résultats scolaires. Ces violences s’accompagnent d’injures, de menaces, voire de violences physiques dans certains cas.
Le ministre a également insisté sur une nouvelle forme de harcèlement, née de l’engouement des jeunes pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication : le harcèlement à travers les réseaux sociaux, qui poursuit les élèves jusque chez eux.
Le ministre a précisé à l’occasion de cette réunion qu’il avait souhaité évaluer la réalité du vécu des élèves, car la connaissance précise de la réalité est une condition sine qua non d’une action efficace. Sur ce sujet, il a rappelé son soutien à la première enquête de victimation menée dans les écoles primaires, qu’ont réalisée UNICEF France et l’Observatoire international de la violence à l’école, présidé par Éric Debarbieux, auprès d’un panel de 150 écoles primaires, 10 000 enfants et 1 200 membres du personnel éducatif.
Luc Chatel a également signalé que, dans le cadre des États généraux de la Sécurité à l’École, il avait souhaité lancer une enquête de victimation dans les collèges, auprès de 18 000 élèves et de l’ensemble des personnels de 300 collèges publics de France métropolitaine.
Il a, en outre, affirmé que cette réunion avait donné lieu à un échange fructueux avec les principaux signataires, pédopsychiatres ou psychiatres, dont, notamment, le Professeur Marcel Rufo, Nicole Catheline, auteur d’un livre sur le harcèlement à l’École, Michel Fouillet, Roland Coutaceau, Jean-Jacques Chavagnat.
Tous ces experts y ont témoigné que, pour les élèves, la victimation à l’École peut avoir des effets négatifs durables : solitude, difficultés d’adaptation, absentéisme plus fréquent, résultats scolaires en baisse sensible, dépression, voire tentative de suicide dans les cas les plus extrêmes.
Dans un deuxième temps, Luc Chatel a présenté les pistes d’actions évoquées avec des membres de la médecine scolaire et des membres de la communauté scolaire.
À l’issue de la réunion, le ministre a demandé à Éric Debarbieux de lui remettre pour la fin du mois de mars 2011 un rapport sur le harcèlement scolaire : les préconisations en seront débattues avec l’ensemble de la communauté éducative en mai 2011, afin que la France comble le plus rapidement possible son retard en la matière.