Ancienne secrétaire générale de la CFDT et actuellement Présidente de Vigeo, première agence de mesure de la responsabilité sociale en Europe, Nicole NOTAT a débattu avec Xavier HOCHET, directeur exécutif de Capgemini Consulting et vice-président de SYNTEC Conseil en management dans le cadre du 3ème WebJT du Management animé par le journaliste Alex TAYLOR.
La RSE : un concept aux multiples facettes
La responsabilité sociale et environnementale des entreprises fait l’objet de multiples définitions qui rendent d’autant plus difficile la mesure de l’investissement des entreprises dans des stratégies de développement durable.
Nicole NOTAT retient elle l’approche proposée par l’OCDE qu’elle résume ainsi: “Il s’agit pour une entreprise de s’intéresser à la manière dont elle va prendre en compte dans sa stratégie, dans ses objectifs, dans ses plans d’action, les intérêts, les préoccupations de ses parties prenantes en général. Les parties prenantes d’une entreprise, ce sont ses salariés, les territoires sur lesquels elle agit, ses clients, ses fournisseurs, ses sous-traitants mais c’est aussi l’environnement naturel : l’eau, l’air, le sol…”. Elle engage également les organisations à former leurs salariés, à assurer leur santé et leur sécurité, à instaurer un dialogue social responsable… Ce faisant, elle élargit la notion même de performance : la rentabilité ne doit plus être considérée comme l’unique finalité des entreprises.
Croissance durable & RSE : quatre questions clefs
Ce débat a permis de faire émerger quatre axes de réflexion majeurs :
– RSE : Effets d’annonce ou actions concrètes
Traité de Lisbonne, Grenelle de l’environnement, Sommet de la terre… La profusion des débats et des discours, la litanie des bonnes intentions se conjuguent-elles sur le terrain des réalisations ? Les intervenants s’accordent pour considérer que la RSE ne se limite pas à un outil de communication au service des acteurs politiques et économiques.
Deux exemples démontrent que l’on a atteint un vrai degré de maturité en matière d’engagement environnemental : la chaîne américaine de magasins Walmart a réduit de 20 à 30% sa consommation d’énergie et entrainé ses 60 000 fournisseurs dans cette dynamique éco- responsable. Les dirigeants de Danone ont convaincu leurs actionnaires de renoncer à 100 millions d’euros de dividendes au profit d’investissements durables.
– Communication ou engagement réel ?
Les deux intervenants de ce débat s’accordent sur le fait que si aujourd’hui quelques effets d’annonces demeurent, il n’est aujourd’hui plus possible pour les entreprises de s’abstenir d’une véritable réflexion de développement durable.
– La pression publique et médiatique (ONG, institutions, presse…) place en permanence les entreprises sous surveillance
– Le cadre réglementaire fait courir aux entreprises un risque juridique et financier grandissant, notamment dans le secteur de l’environnement.
– RSE : nouveaux modèles économiques et avantage compétitif
Nicole Notat et Xavier Hochet considèrent ce mouvement à la fois comme irréversible et générateur de nouveaux besoins, de nouvelles opportunités… et donc de nouveaux « business » porteurs de croissance durable.
La fin d’un modèle économique basé sur un droit de tirage sur des ressources considérées jusque là comme infinies contraint également les entreprises à de profondes mutations.
– RSE : Les points de vigilance
Pour conclure, les intervenants soulignent une contradiction à lever, un écueil à éviter et un défi à relever :
– La RSE se heurte à une équation temps : comment concilier rentabilité à court terme et investissement durable? La résoudre nécessite de trouver au sein de chaque organisation un équilibre pérenne entre les trois piliers économique, social et environnemental.
– La RSE ne doit pas dériver sous la dictature des groupes de pression et de l’opinion publique qui fonctionnent souvent à l’émotion.
– Les institutions internationales devront harmoniser leurs définitions et se doter d’instruments de mesure communs qui permettront de quantifier les données constitutives de la RSE.
Xavier HOCHET conclut : « En tant que conseil, l’essentiel est d’appréhender les problèmes dans leur globalité. C’est ce que je nomme l’effet “mikado” : si l’on commence à modifier une donnée liée à la RSE, on se rend vite compte que cela modifie tous les éléments d’un écosystème. Il faut savoir où placer le curseur ».
A propos du WebJT du management
Lancée en mai 2010 par Syntec Conseil en Management, la première WebTV du Management a pour vocation de proposer des contenus en ligne sur des sujets d’actualité : préoccupations managériales, gestionnaires, sociales, sociétales ; de confronter le point de vue particulier des consultants avec celui d’économistes, de sociologues, de chefs d’entreprises et d’autres acteurs de la société civile. L’objectif est d’éclairer la complexité et l’opacité contemporaine, en tenant compte autant des divergences que des convergences, pour offrir des clefs d’analyse.
Plus d’informations : www.web-tv-management.com
A propos de Syntec Conseil Management
SYNTEC Conseil en Management regroupe 63 cabinets, représentant plus de 50% du marché du conseil en management en France (effectif et CA cumulés). Il rassemble des sociétés très diversifiées, tant par leur taille que par leur domaine d’expertise, qui interviennent auprès des entreprises du secteur privé et public.
Le syndicat fait partie de la fédération SYNTEC qui regroupe les métiers du savoir et qui compte près de 1250 groupes ou entreprises (Ingénierie, Études & Conseil, Informatique, Formation, Relations Publiques,…). La Fédération représente près de 650 000 emplois pour un CA de 3,8 milliards d’euros.
Syndicat professionnel, SYNTEC Conseil en Management a pour vocation de valoriser, d’affirmer et de défendre l’identité de la profession en prenant position et en portant une vision commune des métiers du conseil en management.
Fortement impliqué au sein de la FEACO (Fédération Européenne des Associations de Conseil en Organisation), le Syndicat a pour mission de favoriser la coopération interne entre les différents acteurs et aider à la création de réseaux internationaux pour les entreprises adhérentes qui le souhaitent.
